Qu’est-ce que les Trente Glorieuses ?
Entre 1945 et 1973, le monde connaît une croissance forte. C’est ce que l’on a appelé les Trente Glorieuses, ce qui est un clin d’œil à l’histoire et aux Trois Glorieuses, à l’origine de la Monarchie de Juillet en 1830. Cette expression vient du titre que Jean Fourastié a donné à un livre publié en 1979, Les Trente Glorieuses ou la Révolution invisible de 1946 à 1975.
Dans son ouvrage, Jean Fourastié fournit une série de chiffres sur les villes de Madère et Cessac comme par exemple le niveau de vie, la proportion d’actifs dans l’industrie, etc. Il apparaît que Cessac est bien plus développé que Madère. Pourtant, ces chiffres correspondent à une même ville, la commune de Douelle dans le Lot. Madère correspond à cette commune en 1945, Cessac à l’année 1975. Le contraste montre l’ampleur de cette « révolution invisible ».
La refonte des institutions a notamment participé à ce développement. Des accords de Bretton Woods au Plan Marshall, en passant par les accords du GATT, sans oublier la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) et la création de la Communauté Economique Européenne (CEE), le cadre institutionnel a facilité la croissance économique et le commerce international.
En fait, cette époque est une période de croissance exceptionnelle dans le monde dans son intégralité. Le PNB a même été multiplié par 2,7 entre 1950 et 1970. Dans l’OCDE et les PDEM, on assiste ainsi à une croissance autour de 5% par an, et ce pendant près de trente ans. La croissance en rythme annuel entre 1950 et 1970 est de 10,9% au Japon et 5,5% en Allemagne, contre 4,8% en France, 3,9% aux Etats-Unis et 2,8% au Royaume-Uni. Les vaincus de la guerre prennent ainsi leur revanche. Quoiqu’il en soit, cela reste une croissance exceptionnellement soutenue.
Croissance, plein emploi et progrès
Durant les Trente Glorieuses, la croissance est riche en emploi. Le chômage est inférieur à 5%, c’est une période de plein emploi. En France, dans les années 1950 et 1960, il est même inférieur à 2%. Par ailleurs, l’inflation durant cette période est relativement contrôlée à partir de la fin de la reconstruction. C’est une inflation qualifiée de rampante, inférieure en moyenne à 5% par an. Durant cette période, certains pays de l’OCDE connaissent également une forte expansion démographique, qualifiée de baby boom, alimentant notamment la demande et donc la production.
D’énormes progrès techniques et scientifiques voient également le jour et les innovations se multiplient. Un phénomène d’urbanisation et d’exode rural se développe, alors que les sociétés se transforment à mesure des progrès sociaux et technologiques. La productivité augmente fortement, que ce soit dans l’agriculture ou l’industrie, le secteur secondaire employant de plus en plus d’actifs. Enfin, le niveau de vie s’améliore notablement, profitant à l’essor du tourisme et des loisirs.
Néanmoins, les années 1970 verront l’inflation s’accélérer, notamment suite au choc pétrolier de 1973, ainsi que le chômage. Dans le même temps, les taux de croissance diminuent : c’est la stagflation.